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| Sujet: À l’ombre des terrils Lun 29 Mar - 9:53 | |
| À l’ombre des terrils (C. Bruchet - C. Oriol)
Avec ma p’tite pension, qu’j’touche tous les trois mois Ça fait pas des millions, mais y’a plus pauvre que moi Avec mes bons d’charbon, et mon médecin gratuit Je vis dans les corons, à l’ombre des terrils Je vis dans les corons, et malgré tout ce qu’on dit Y’a pas plus heureux qu’moi, dans’s’noir pays Dans’s’noir pays, qu’est mon pays
Avec mon p’tit jardin, paradis d’illusions Dire bonjour au voisin, qui guette ses pigeons Ramasser son journal, et lire les nouvelles Ailleurs quand ça val mal, notre vie paraît plus belle Je vis dans les corons, à l’ombre des terrils Y’a pas plus heureux qu’moi, dans’s’noir pays Dans’s’noir pays, qu’est mon pays
Tous les ans à’l’ducasse, inviter ses enfants Quand rien ne nous tracasse, Noël en faire autant Recevoir son voisin, à la nouvelle année Samedi prendre son bain, samedi se bichonner Je vis dans les corons, à l’ombre des terrils Y’a pas plus heureux qu’moi, dans’s’noir pays Dans’s’noir pays, qu’est mon pays
L’herbe comme un linceul, recouvre nos terrils Des fosses faut faire son deuil, c’est fini, bien fini On ne verra plus jamais, les gueules noires remonter On n’dira plus jamais : " Au trois, y’encore un tué " Mais beaucoup d’gens comme moi, un jour au paradis Dirons : "Dans les corons, près des terrils On était bien, dans’s’noir pays "
d'Edmond Tanière |
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