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| Sujet: Mahieu le Bigame Ven 7 Mai - 7:11 | |
| MAHIEU LE BIGAME Boulogne, XIIIe siècle Clerc boulonnais auteur des Lamentations (vers 1290), poème satirique antiféministe.
Le terme bigame s'appliquait à un clerc marié, situation relativement courante à l'époque.
L'Église connut pendant plusieurs siècles du Moyen Âge une période trouble. C'est ainsi qu'en 1033, le comte de Tusculum établit pape son fils Benoît, alors âgé de douze ans. Des femmes disposèrent même du trône pontifical.
Les désordres de Rome se reproduisaient dans la plupart des Églises d'Occident. En 928, le roi de France Raoul donnait l'archevêché de Reims à un enfant lui aussi âgé de douze ans. Les cures et même les sacrements pouvaient être mis en vente et achetés.
Ceci constituait le crime de simonie, du nom de Simon le Magicien qui avait voulu acheter aux Apôtres le pouvoir de faire des miracles. Enfin, beaucoup de prêtres étaient mariés et se préoccupaient plus de leurs affaires familiales que de la direction spirituelle des fidèles.
On vit par exemple des cures attribuées en dot aux filles de certains de ces clercs. Guibert de Nogent évoque cette situation dans son autobiographie en ces termes : À ce moment-là (deuxième partie du XIe siècle) les attaques du Siège apostolique contre les clercs mariés étaient de fraîche date.
Il en résulta qu'un peuple passionnément attaché à son clergé s'échauffa de rage contre ces gens, réclamant à grands cris, dans un esprit hostile, qu'ils fussent privés de bénéfices ecclésiastiques, ou bien qu'on les écartât des fonctions sacrées. [ ... ]
À ce moment-là, non seulement des clercs revêtus des ordres majeurs, canoniquement pourvus, voyaient contestées leurs relations conjugales, mais on considérait tout autant comme un crime l'achat d'offices ecclésiastiques qui n'impliquaient nullement charge d'âmes, telles que prébendes, chantreries, prévôtés et d'autres semblables, ceci pour pas parler des honneurs.
Or, ceux qui s'emploient à envenimer les affaires intestines, et ceux qui prirent le parti du clerc privé de sa prébende, enfin la plupart des gens de mon âge se mirent à murmurer vivement au sujet de la simonie et des excommunications qui, depuis peu, se multipliaient.
Cette situation avait amené un désir de réforme dont les promoteurs les plus énergiques étaient les moines de Cluny, réputés pour la sévérité de leurs règles.
Dès le milieu du XIe siècle, Hildebrand, d'abord conseiller de plusieurs papes, et qui devint pape lui-même en 1073 sous le nom de Grégoire VII œuvra à la réforme du clergé en faisant notamment condamner officiellement la simonie et le mariage des prêtres.
Un décret interdisait par exemple aux fidèles d'assister aux célébrations lithurgiques de prêtres mariés. Ces décisions furent combattues et mirent plusieurs siècles avant d'être réellement appliquées.
On vit ainsi Sigebert de Gembloux se faire le porte-parole des Liégeois contre ce décret. On retrouve jusqu'au XIIIe siècle des clercs mariés tels Mahieu le Bigame ou Adam de la Halle , sans que les élèments biographiques dont nous disposons ne laissent supposer que cette situation leur eut posé le moindre problème. La dissolution des mœurs du clergé inspira de nombreux auteurs. |
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