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| Sujet: La Parisienne Lun 29 Mar - 9:54 | |
| La Parisienne (A.Wéry)
Jamais j’n’aurais cru en quittant Paris, qu’un mineur serait devenu mon mari J’l’ai connu je n’le sais comment, il m’a parlé d’sa vie, d’ses tourments Travailler l’charbon quel triste métier, j’éprouvais pour lui beaucoup d’amitié Finalement comme il m’a séduite, j’devins sa femme et j’étais tout pour lui Curieuse femme, il faut qu’j’aille voir, la remonte de ces gueules noires D’un profond trou ténébreux, ils reviennent noirs et poussiéreux Pour descendre dans ce’trou béant, faut pas être un fainéant Ils ont l’caisson d’un colosse, pour qu’ils bossent dans ces fosses J’étais fière d’avoir l’honneur d’être la femme d’un mineur
Puis on s’est marié, on n’avait pas d’rond, on s’est installé dans un vieux coron Et bien vite on eut des amis, des voisins qui parlaient ch’ti mi, On passait chez eux des soirées entières, et vas-y café et roulaient cafetières Et quand vint au monde mon garçon, quelle joie, quel bonheur dans la maison J’m’y faisais vous pouvez m’croire, un roman, belle page d’histoire Malgré l’métier périlleux, mon homme trouvait tout merveilleux D’son p’tit gosse il était fou, lui disant sur ses genoux " Plus tard, faudra qu’tu y bosses, comme d’autres gosses à la fosse Ce n’est pas un déshonneur d’être ouvrier mineur "
Puis survinrent la guerre et l’occupation, souffrances, misères et déportations Mon homme fit comme tous ces copains, sabotages, attaques et coups d’mains Mais hélas les Boches étaient peu pointus, lui tendirent un piège et m’l’ont abattu C’est fini, fini mon chéri, l’gosse et moi, nous r’voilà à Paris Quand j’évoque ce territoire, aux immenses terrils noirs Je revois d’un air fringueur, tous les copains, tous les mineurs On m’a admise parmi eux, " Va chérie, t’f’ras de ton mieux " " Plus tard quand tu parleras de ton homme, dis au môme que ma pomme Est tombée faisant son d’voir, comme l’ont fait tant d’gueules noires " |
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